Et tu casses…

Le tacle… Ce mot est devenu très récurrent ces dernières années, non ? Que ce soit au foot, mais aussi dans les magazines people, les cours de récré, ou encore aux machines à café. Une mode apparue un peu au même moment que Brice de Nice et sa casse ? Aahhh… le sens de la répartie : en voilà une belle qualité !

Moi, ce que je trouve toujours marrant, ce sont les tacles… innocents. Vous savez, chez nos chères petites têtes blondes qui sont capables de dézinguer n’importe qui sans s’en rendre compte ! Ces mots qui ne sont jamais méchants intentionnellement, mais qui, soumis à des oreilles adultes, se révèlent plus tranchants que les lames les plus acérées du monde ! On dit souvent que la vérité sort de la bouche des enfants… mais est-ce que cela se vérifie à chaque fois ?

 

On entend souvent, chez les tout-petits, le tacle de degré zéro. Celui qu’on connaît tous, celui qui cause chez les parents de grands moments de solitude :

– Maman, pourquoi la dame est habillée en pyjama ?

– Moi, aussi, quand je serai grande, j’aurai des grosses fesses ?

– C’est lequel des deux yeux, qu’il faut regarder ?

– C’est le monsieur que t’as dit que c’est un voleur ?

– Bah, il pue !

– C’est ça, un nain ?

– Ca sert à quoi, une crème de beauté ? Tu en mets, toi ?

Et évidemment, l’incontournable:

– T’as vu ? Le monsieur est enceinte !

 

Il y a ensuite le tacle primaire, d’une pureté absolue : lorsque l’enfant ne maîtrise pas encore l’étendue de son vocabulaire, qu’il utilise des mots dont il n’est pas trop sûr de la signification.

Exemple. La grande doit aller à nouveau rendre visite à une naturopathe. Alors c’est sûr : déjà, pour les adultes… Que fait exactement une naturopathe ? «Naturo» me semble relativement compréhensible, et «pathe», ça ne veut pas dire «souffrance» ? Dans ce cas… Alors le petit frère, âgé d’un nombre d’année où les mots sont parfois des enchaînements de sons sans image mentale derrière, ose la question :

– On va quand, chez la psychopathe ?

On lui dira ; ça lui fera plaisir. En même temps, ça fiche la trouille: pourquoi le petit dit-il plus naturellement « psychopathe » que « naturopathe » ? Remise en question évidente.

 

Enfin, on trouve le tacle à tiroir… Et toujours aussi innocent… Ou peut-être un peu moins, mais c’est l’intention majoritaire qui prime. Là, il s’agit de lancer des mots que les adultes utilisent à un second degré.

Exemple. Le petit boit un verre de lait puis prononce solennellement :

– Tu savais que le lait faisait péter ?

Sur ce, il illustre sa déclaration de manière sonore et odorante.

– Comment ça, depuis quand tu pètes à table ? C’est ça qu’on vous apprend à l’école ?

Bon, c’est de l’humour. Etant moi-même instit, il faut bien que je lance quelques piques aux collègues (surtout que pour ma part, je ne lui apprends que les bonnes manières). Et il me semble également important de travailler l’humour et ses différents degrés avec les plus jeunes. Y a pas d’âge pour commencer; il faut être fin prêt très tôt pour affronter la vie. Alors de temps en temps, on se lâche (dans tous les sens du terme, apparemment) … pour dédramatiser… (oublier l’odeur).

– Non mais vraiment, péter à table… Tout ça, c’est de la faute de ta maîtresse. Je vais aller m’occuper d’elle, et tu verras, demain, comment elle sera amochée !

Sur ce…

– De toute façon elle est déjà moche…

 

 

PS: Cette histoire date un peu… Et toutes les maîtresses de mon fils sont jolies. Le fait qu’il rougissait à chaque fois qu’on en parlait en confirme le fait.

 

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