Bon appétit!

En ces temps festifs, les plats ne sont pas seulement une manière de faire fonctionner notre organisme, mais surtout un vrai moment de partage. On pourrait penser que les repas ont toujours poursuivi l’objectif de rassembler les gens, mais dans les années 60, cela en était parfois autrement.

Petite ligne d’une vie à l’Ecole Normale, à Fribourg, durant cette période d’habitude si colorée! Dans cet établissement tenu par des Soeurs, il fallait, pour tenter de se rassasier, prier Dieu et… avoir… la foi 😉

Merci Anne pour ce délicieux témoignage!

 

 

Cauchemar en cuisine à Saint-Agnès

 

A Saint-Agnès, les repas étaient tout simples, accompagnés de salade… parfois protéinée. Cette version exotique fortement appréciée dans certaines parties du monde créa chez moi une aversion presque définitive pour la salade. Un peu trop avant-gardiste, apparemment ! Il me fallut plusieurs années avant de réussir à en apprécier à nouveau, même à la maison. Les vers m’avaient tout simplement vaccinée de ce mets quotidien. En parlant de bonnes choses, j’eus même un jour la charmante surprise de découvrir dans ma soupe… un nœud de cheveux entier.

 

Les raviolis – en boîtes – représentaient un repas très estimé. (Les étudiantes n’étaient certes pas difficiles !) Néanmoins, comme il y a toujours un souci à relever, chacune n’en recevait que six dans leur assiette. Peut-être que la qualité prime sur la quantité ; cela dit il faut avouer que c’est un peu léger pour assouvir sa faim. Lorsque nous demandions à nous resservir, il n’y en avait plus. Dommage.

 

En campagne, un plat connaissait un succès certain : bon pour la santé et peu onéreux, il réunissait tous les critères importants pour les familles. Comparativement aux raviolis en boîtes, le foie de veau est particulièrement riche en protéines, en vitamines A et D, et en beaucoup d’autres minéraux essentiels. A Saint-Agnès, les Sœurs, toujours très soucieuses des éléments nutritifs et des bienfaits de leurs produits pour la santé de leurs jeunes étudiantes, nous en proposaient alors régulièrement à dîner. Un jour de livraison, j’eus la chance d’apercevoir les livreurs décharger leur cargaison de foie. En tant qu’externe, j’étais véhiculée à Fribourg par ma sœur et son fiancé ; je devais alors entrer dans l’école par derrière et emprunter la même porte que les livreurs. je fis donc une découverte de taille : le foie que nous allions déguster à midi était… vert.

Vert… Comme cette couleur magnifique annonçant l’arrivée de la belle saison. Le soleil montait de plus en plus haut dans le ciel, les oiseaux commençaient à gazouiller, le gazon poussait, offrant alors à toutes les observatrices de la nature leur belle couleur printanière. Une obligation apparaissait alors : il fallait faucher ces brins verdoyants.

– Ah ! s’exclamaient certaines étudiantes. Demain, il y aura des épinards !

On pourrait croire à une mauvaise blague. Il se trouve pourtant que chaque année, ça concordait. Le fait était toujours vérifié le lendemain. Prises alors d’un doute raisonnable, nous refusions de manger cet accompagnement vert haché fin. Ainsi, le surlendemain, les fameux épinards se retrouvaient dans notre soupe. Il n’y avait pas de petit profit…!